mardi 29 novembre 2022

AntiFa, un échec collectif pour le monde du jeu

 Nous avons réduit cette polémique à une lutte entre la police et les libertaires, à une censure des idées libertaires par l’extrême droite. Les uns, les autres, sur Twitter ou à la FNAC, nous avons tenu à soutenir nos engagements politiques en allant acheter le jeu, en placardant des autocollants antifascistes dans les rayons de la FNAC, en manifestant notre colère sur les réseaux sociaux. Mais à cause du fort clivage entre les idées de l’extrême droite et les idées libertaires, nous sommes collectivement passés à côté d’un véritable débat. 


Résumé très rapide de l’affaire : Hier (28 Novembre 2022), le compte Twitter de la FNAC a fait part de sa volonté de retirer de toutes ses enseignes « AntiFa, le Jeu », un objet ludique dont la couleur et l’emballage sont la lutte pour la défense d’idées libertaires dans la rue. Le compte Twitter de la FNAC répondait alors à une sollicitation d’un syndicat de police qui l’interpellait sur l’hypothétique contenu du jeu. L’éditeur Libertalia n’a jamais caché ses opinions politiques. Quant au syndicat de Police ? Il répond en cours de journée être « apolitique »… Cela aurait déjà dû nous interpeller. Mais nous sommes passés à côté d’un détail et c’est là où, comme à son habitude, se cachait le diable.


Regardez bien ces tweets.

 
 

Avouez-le : vous avez vu des flics et une entreprise de distribution tirer à boulets rouges sur des anti-fa ? Vous aviez raison ! C’est bien ce qu'il s’est passé… sauf que vous avez raté le deuxième cadavre. Là, regardez bien : « le jeu ». « Le jeu » écrit entre guillemet ! Le jeu, étendu sur le sol de l’antichambre de votre dispute, comme s’il s’agissait d’une vulgaire chaussette oubliée !

 
Pour moi, qui suis créateur de jeux politiques depuis plus de quinze ans, le scandale n’était pas uniquement dans la censure d’un jeu libertaire par l’extrême droite. Franchement, on a tous fait un peu semblant de s’en étonner. Ils jouent leur partition, nous jouons la nôtre. C’est un rapport de force. Rien d’anormal. Mes propres jeux ont parfois été censurés dans des associations, ça n’a pas fait la une de la presse pour autant. Le scandale est là. Une fois de plus, on a voulu dépolitiser un domaine de la vie publique : le jeu.


Il est évident quand on relit les tweets à l’origine de cette polémique que ce qui pose problème, c’est autant les idées libertaires que le fait qu’elles soient défendues par un « jeu ». Le mot « jeu » est entre guillemet, comme dit la chanson, c'est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup ! Or, Au Poste, en regardant l’émission de David Dufresne, je n’ai entendu à aucun moment le débat s’ouvrir sur ce sujet. 



Ma Question est simple : le compte twitter de la FNAC, sur ce même sujet, aurait-il pris la décision d’interdire la vente d’un livre libertaire ? voire, d'interdire la vente d'un livre écrit par un universitaire sur le sujet ? La réponse est « non ». C’est donc bien le fait qu’il s’agisse d’un jeu qui pose ici problème. Et, hier, à part sur quelques réseaux concernant le jeu de rôle, je n’ai pas vu ce débat exister en place publique. C’est pourtant le débat de fond pour moi !


Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, nous nous étions collectivement étonné(e)s que le Président de la République veuille dépolitiser le sport. Ici, nous assistons au même phénomène. Des gens veulent « dépolitiser » le jeu de société. Nous avions eu un débat similaire quand Jean-Luc Mélenchon avait critiqué le fond du jeu vidéo Assassin’s Creed. Certaines personnes s’étaient élevées pour dire : « c’est pas politique, c’est un jeu-vidéo ! » Le vrai scandale est là ! Que l’on puisse affirmer au XXIème siècle que quelque chose comme le sport, comme le jeu-vidéo, comme le jeu de société ne doive ou ne puisse pas être politique est proprement fasciste. Et d’ailleurs, c’est ainsi que, quelques heures plus tard, se défend le syndicat de Police. Que nous disent-ils ? Ils nous disent qu’ils sont apolitiques.

 


 

C’est ça, le fond du problème. C’est là-dessus que nous devons attaquer les « apolitiques », les apolitiques du jeu de société, les apolitiques de l’environnement, les apolitique de la politique. On crève de l’anti-intellectualisme en France. On crève de l’anti-politisation. On nous accuse de politiser des choses qui ne seraient pas politique. Mais bon sang, elles le sont ! Le jeu de société - et nous l’avons montré ici même à La Cellule depuis quatorze ans – le jeu de société est politique dans son fondement même. 


Je me répète. Un jeu est un maelstrom : des gens s’assoient autour d’une table pour proposer des solutions à des problèmes. Ça ne vous rappelle rien ? Des gens qui imaginent des situations possibles, assis autour d’une table, pour prendre des décisions collectives sur le cours du jeu. Ça ne vous rappelle rien ? Dans un jeu, il y a des règles. On y a des droits et des devoirs. Ça ne vous rappelle rien ?! Vous conviendrez avec moi que le jeu de société ressemble bel et bien à une activité très politique. Le jeu réunit des gens de tous âges, de toutes confessions religieuses, des gens en tous genres, etc. depuis des millénaires. Le jeu est politique depuis ses origines mêmes. Il était utilisé par des oracles pour déterminer du destin de la communauté. Bon dieu ! On a assassiné le jeu et tout le monde s’en fout ! Son corps gît sur le sol au milieu d’un affrontement entre les libertaires et les CRS. C'est l'éléphant dans le couloir.


Depuis des années je suis confronté à ce public, ceux qui me disent que le jeu est un divertissement. « On est là pour s’amuser, pas pour réfléchir. » « On est pas là pour se prendre la tête. » Combien de fois ai-je entendu cette phrase prononcée dans la conversation ou autour d’un  jeu de société ? Le monde du jeu a une responsabilité dans cette affaire. Car dans sa volonté de se présenter comme un divertissement, c’est-à-dire dans sa fuite des questions existentielles ou politiques au lieu de se présenter comme un média le jeu s'est apolitisé, il s'est décrédibilisé.

 

 

Nous, le monde du jeu de société, sommes collectivement responsable de la censure d’AntiFa, le jeu. Car, à force de prôner que le jeu sert à se détendre et qu’on-est-pas-là-pour-réfléchir, on finit par devenir cons ! Par être pris pour des cons. C'est-à-dire des gens que l’on peut retirer des rayons d’un supermarché, parce que ce sont des clowns nés pour nous divertir et non pas pour nous faire réfléchir. C’est parce que nous ne nous prenons pas au sérieux, nous, créateurs de jeu de société, auteurs de jeu de rôle, que la société ne nous prend pas au sérieux.


Et attendez ?! L’antifascisme du jeu AntiFa n’est qu’une couleur… Ce n’est qu’un emballage, pour un jeu dont les mécaniques en soi n’ont rien de subversives. Mais attendez que les syndicats de police tombent sur Dog Eat Dog de Liam Liwanag Burke : un jeu dans lequel l’arbitre de la partie est le joueur ou la joueuse ayant le plus d’argent… le plus d’argent, en vrai… IRL. Oui ! Dans le jeu de Liam, les joueurs doivent montrer leur fiche d’imposition avant de jouer, pour bien révéler aux participants que l’oppression des uns sur les autres, n’est pas qu’une mécanique dans le jeu, mais qu’il s’agit aussi et surtout d’une mécanique à l’œuvre en dehors du jeu. 

 



Et attendez que les policiers tombent sur TACEO, du projet-Evasions. Un jeu dont le projet est de nous aider à faire face à un interrogatoire de police ? Que représente « AntiFa, le jeu » dans la lutte contre le fascisme, en comparaison du jeu de société lui-même ? Demain, si le jeu se relève, s'il cesse d'être la vieille chaussette oublié dans le couloir, s'il cesse de se maquiller derrière le divertissement, pour apparaitre tel qu’il est, c'est-à-dire comme un média à part entière, le jeu de société pourrait devenir une solution politique, comme a très bien su nous le montrer Antoine Morgenthaler, dans son éloge du jeu de rôle



 

La polémique a été analysée comme étant un affrontement entre des fascistes et des antifascistes. L'autre affrontement se trouvait une fois de plus dans la confiscation de la parole politique à un domaine de la vie publique. Hier le sport, aujourd’hui le jeu, demain, vous verrez c’est la politique qui ne sera plus politique. Le problème de fond, c’est que nos clivages, nos oppositions, nos polémiques, nos positions binaires sur les réseaux sociaux, nous masquent l’ampleur du désastre. Le désastre, c'est cette apolitisation rampante qui n'est qu'un autre nom du fascisme. 

 

Nous devons retrouver nos couleurs, nous re-politiser, re-politiser le monde du jeu de société et le monde du jeu de rôle. Pour ça, il faut que nous apprenions à nous engueuler autour d'une table, dans le cadre des règles du jeu. Et je suis certain qu'en cette matière le jeu de société à un grand rôle à jouer.

31 commentaires :

  1. Je suis à fond avec toi là-dessus. Marre ce clivage entre activités sérieuses, et donc politisées, et activités désinvoltes qui n'entrent pas dans le champ politique.

    Concernant le jeu de manière plus spécifique, le fait que beaucoup de personnes n'imaginent toujours pas que ce soit réellement une activité pour les adultes renforce l'idée qu'une œuvre ludique ne doit pas être traversée par des idéologies ou questionner la société, je crois.

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  2. Merci Andy, je n'avais pas vu le lien entre "jeu" et le jeu c'est pour les enfants, sous entendu ce n'est pas pour les gens sérieux. Double erreur 1) le jeu n'est pas pour les enfants. 2) les enfants sont des personnes et doivent être pris au sérieux, eux aussi.

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    1. Oups, désolé, le log ne fonctionne pas, mais le message précédente est de moi, Andy. ^^ Romaric

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  3. Hmm... Fâcheuse affaire, en effet. Il n'y a qu'une chose qui soit plus pénible que les gens qui veulent tout purger de la moindre idée politique : les gens qui veulent en introduire partout et faire de tout média ou activité un vecteur pour diffuser les leurs.

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  4. Très belle rhétorique. C'est joliment dit. j'attends vos arguments sur ce point pour pouvoir y répondre. ^^

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  5. Alors disons "qui me soit plus pénible"...
    Sur le fond plusieurs choses :
    1- insinuer que telle organisation se disant "apolitique" est nécessairement cryptofasciste me semble relever du préjugé idéologique (plutôt d'extrême gauche en l'occurrence, autour du qui n'est pas avec nous est contre nous) et de l'ignorance péremptoire. Au cas particulier, il est nettement plus probable que ce syndicat reste apolitique car il a vocation à réunir des gens dont les opinions en la matière peuvent justement être très divergentes, autour de problématiques communes, comme leurs intérêts professionnels et les conditions d'exercice de leur métier. C'est en fait une caractéristique assez fréquente des communautés de travail, par opposition aux communautés militantes. Après, vous pouvez toujours dire que la police - dont je ne fais au passage pas partie - et tout ce qui s'y rattache est par nature et essence fasciste mais je ne vais pas passer du temps sur ce genre de débat...
    2- Pour avoir écouté plusieurs de vos podcast, ou ceux de Radio Rôliste, ou ceux des Voix d'Altaride, je constate qu'il existe une mouvance d'auteurs de JdR et jeux de plateau pensant que ces média peuvent être un vecteur de diffusion d'idées politiques. Soit. Ils le peuvent et pourquoi pas. Apparemment plus de gauche que de droite parce que ce militantisme-là est plus de ce côté. Mais il est alors tout aussi légitime que certains vous répondent "Vous nous emmerdez, on n'est pas là pour ça." Peut-être parce qu'ils sont partisans de la fascisation par l'apathie, comme vous l'indiquez (encore que je ne voie pas bien le rapport entre d'une part le fait que l'apathie puisse effectivement contribuer à l'accession puis au maintien au pouvoir d'une idéologie minoritaire et d'autre part la nature de cette idéologie) ; peut-être parce qu'ils ont déjà entendu ces idées et sont là pour se détendre et non pour subir un cours de catéchisme (souvent délivré avec le manque de subtilité, l'arrogance moralisatrice et la certitude béate de sa propre vertu des pires grenouilles de bénitier Saint-Sulpiciennes, une certaine forme de pensée de gauche ayant visiblement réoccupé avec délice la niche sociologique laissée vacante par la folklorisation de ces odieux batraciens) ; peut-être parce qu'ils ne les partagent pas et veulent simplement jouer sans se trouver en situation de voir leur soirée polluée par une opposition doctrinale avec leurs compagnons de table ; peut-être pour d'autres raisons qui leur appartiennent.
    3- Je ne sais pas ce qui est dans ce jeu AntiFa, ni pourquoi le SCPN s'est agacé de ce qu'il soit en vente à la FNAC, ni à la suite de quelle analyse de son contenu ou de la situation politique celle-ci a décidé de le retirer de la vente. Ce que je sais c'est que c'est fondamentalement le problème de la FNAC, qui n'a pas de devoir de diffusion de tel ou tel produit ou contenu et que ça ne muselle rien du tout car le jeu peut toujours s'acheter en ligne sur le site de l'éditeur. Donc au fond, de quoi se plaint-on ? Moins de visibilité et moins de ventes ?
    4- "jeu" entre guillemets. Évidemment. Quand on on prêche que le jeu doit être avant tout un instrument de propagande, il n'est pas très logique de s'indigner que ceux qui le regardent considèrent qu'il s'agit plus d'un instrument de propagande que d'un jeu. Vous dites en fait exactement la même chose que le tweet de la FNAC et ça me paraît assez hypocrite - ou aveugle - de prétendre le contraire.

    En somme, que l'on parle politique, sans doute, c'est salutaire. Qu'on puisse le faire à travers du jeu, pourquoi pas, mais ne nous étonnons pas alors que ce jeu perdre des adeptes. Que les opinions politiques des auteurs transparaissent toujours plus ou moins dans ce qu'ils écrivent, bien entendu, c'est inévitable. Mais vouloir à tout prix faire de tout, tout le temps le prétexte et le support de cette discussion, non. Foutez-nous la paix.

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    1. Je ne comprends pas trop dans ta conclusion "ne nous étonnons pas alors que ce jeu perdre des adeptes", de quel jeu nous parlons ?

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    2. Tout jeu qui se fait porteur, de manière trop visible, d'une idéologie actuelle particulière, parce qu'il va certes attirer les tenants de cette idéologie mais probablement rebuter tous les autres. Par exemple, "AntiFa, le jeu" ne va probablement être acheté que par des gens très à gauche, mais c'est tout ; de même qu'un hypothétique "Identitaires, le jeu de cartes à collectionner" va plutôt attirer des gens très à droite, mais c'est tout. Alors que Tigre et Euphrate ou Caverna, pour rester dans le jeu de plateau vont pouvoir séduire des gens des deux bords et peut-être même les faire jouer ensemble, parce que la politique n'est pas un paramètre pertinent. Idem pour le jeu de Rôle.
      Bref, faire du jeu sans dimension politique forte ou visible, c'est mettre en place une activité large qui peut réunir ; mais vouloir faire du jeu un vecteur de propagande (ou d'éducation politique si on veut être poli), c'est participer à un enfermement idéologique et à la polarisation de la société.
      Et si toute la partie visible du milieu JdR se met à pontifier le même catéchisme (à peu près tous les podcast francophones que j'ai en tête en sont là : pour caricaturer, on s'entr'admire entre enseignants ou équivalent, de "gauche" ou plus, qui professent que les Belonging Outside Belonging écrits par des auteurs indépendants transgenres en écriture inclusive et au neutre féminin sont le pinacle du génie et de l'engagement, le modèle que tout rôliste doit suivre) au lieu de parler de parties sympa et de jeux avec lesquels on passe un bon moment, ça finit par donner du JdR l'image d'une activité morale et édifiante pour vegans à cheveux bleus. Et c'est sans doute très bien vu du dedans, mais vu du dehors, ce n'est franchement pas attirant.
      Heureusement qu'il y a les actual play pour contrebalancer ça par une image plus fun et plus casual...

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    3. En fait, c'est ça : trop d'enseignants dans les podcast JdR donne une ambiance discussion de salle des profs, où l'on examine le meilleur support pédagogique pour faire entrer le programme dans la tête de collégiens un peu neuneu. Et c'est chiant.

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  6. OK je comprends mieux ton propos de base. Je pense que tout les médias sont dans le même panier. Le cinéma, tu peux avoir des films de gauches, des films de droites et des films grand publics. Les livres, les chansons, les blagues, les tableaux, les danses (oui j'ai déjà vu de la danse avec un message politique ^^) et les jeux aussi.

    Puis tu auras des magazines, des émissions de radio qui peuvent te parler de tout ça avec un prisme politique et d'autres non. Les podcasts aussi. Et dans une oeuvre qui se veut non politique, tu as tout de même des messages insidieux. J'étais étonné de la réflexion de ma fille à 10 ans quand elle a vu son premier film de super héros. Elle nous sort en plein milieu du film, une question sur la légitimé des actes du protagoniste.

    Heureusement, nous vivons encore dans un monde où nous ne sommes pas obligé de lire les magazines avec des opinions qui nous n'intéressent pas. Si je vois un article qui semble saoulant sur internet (genre les trucs peoples) ben je passe mon chemin. Mais rien ne m'interdit non plus de le lire, afin de comprendre le point de vue des personnes avec des opinions diamétralement opposés. La démocratie ce n'est pas le consensus mais le dissensus et c'est plutôt cool de partager ses points de vue tant que ça reste dans le cadre d'un débat (ne pas se battre) et non une polémique (insulte, sarcarsme, gueulante). ca créé une dynamique, des remises en questions, des redéfinitions et voir même des trucs d'enseignants. Et je fais parti des personnes qui aime me prendre la tête la dessus. Je comprends qu'on puisse ne pas aimer ça, ce n'est pas obligatoire.
    Merci sincèrement d'avoir pris le temps de partager ton avis. Ca rajoute de la perspective.

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  7. Je suis d'accord avec tout ça (sauf sur le fait de regarder des films de super héros, avec ou sans enfants, mais chacun ses vices...)
    Mon problème et double :
    1- à mes yeux, la polémique extrême droite vs extrême gauche est un combat de clowns sur la piste d'un cirque, mais de clowns potentiellement dangereux. Et le post sonnait très fort comme "Vous n'avez pas le droit de sortir du chapiteau. Il faut descendre à nos côtés sur la piste. Sinon vous êtes complices de l'autre bord". Alors que : si, non et non.
    2- s'il y a des exemples de podcast JdR de qualité dont les hôtes et invités ne font pas le signe de croix en marmottant "JésusMarieJoseph" toutes les trois phrases, vraiment, je suis preneur. Parce que je ne les ai pas trouvés, et c'est bien dommage.

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  8. Ami anonyme, ton argumentation en plus d'être limpide et remarquablement pertinente. Le combat de clowns, c'est tout à fait juste. Merci.

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  9. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  10. Je vous trouve un peu durs : FATAL, par exemple est un jeu apolitique. Nous l'avons testé. Nous l'avons critiqué comme une œuvre à part entière. C'est bien la preuve que nous ne sommes pas fermés. Mais nous avons nos opinions et ce ne sont pas les vôtres apparemment.

    Je reconnais que, pour moi, être apolitique revient à être conservateur, pas nécessairement de droite ou de gauche, mais a minima conservateur. Être apolitique sur un sujet, cela revient à dire "les choses sur ce sujet sont biens telles qu'elles sont et je les prends comme elles sont". Pour avoir le loisir d'adopter ce genre de pratiques, il faut être parmi les personnes favorisées par le système, forcément. Les gens qui ne sont pas favorisés par un système ont tendance à le combattre. Moi, ici, je combats pour que le jeu soit reconnu comme un média. Ça signifie bel et bien - et sur ce point vous avez parfaitement raison - qu'il puisse, en effet, porter des valeurs et des propos de droite. Je n'ai rien contre cela. Ce ne sont pas mes valeurs, mais j'entends parfaitement qu'ils puissent exister des jeux de droite. Et je vous souhaite sincèrement de trouver un podcast dont ce soit l'objet : l'analyse de jeu sous l'angle de la droite ou de l'extrême droite. Pourquoi pas ? Effectivement, là, comme ça, je n'en connais pas.

    Après on peut se demander pourquoi de tels podcasts n'existent pas. Pour moi, c'est parce que vos idées sur le sujet sont tellement populaires, mainstreams et évidentes qu'elles n'ont pas besoin de faire l'objet d'une émission. En fait, vous êtes tellement normaux et consensuels dans votre façon d'aborder les problèmes qu'il n'y a aucun besoin d'expliquer vos positions. Elles sont évidentes pour tout le monde.

    Pour vous répondre en détail, il faudrait que je précise une chose. Personne ne peut être "politisé", "révolutionnaire" ou "questionné" sur tous les sujets. Perso, je suis apparemment très conservateur sur le plan marital. J'ai une épouse, des enfants, je ne suis pas poly-amoureux, etc. Donc, sur tous ces sujets, j'ai plutôt tendance à me taire. Pour ne pas empêcher celles et ceux qui ne vivent pas comme moi de vivre et de défendre leurs positions. Je ne vais pas sur les sites consacrés aux problématiques du poly-amour, puisque je n'y connais rien. Je n'ai aucune idée pertinente à énoncer sur ces sujets que je ne connais pas. Mais j'ai conscience d'avoir la chance d'être du bon côté de la barrière, du côté de l'évidence. Je suis très certainement apolitique sur le sujet du couple. Donc... je ne vais pas commenter sous les podcasts qui abordent ses sujets et je vous invite à faire de même si vous n'êtes pas concernés.

    Autre exemple : j'ai discuté récemment avec des gens parfaitement politisés à l'extrême gauche, mais parfaitement conservateurs sur le plan du jeu de rôle. Bien que je puisse avoir des points communs avec ces personnes sur le plan politique (et pourtant bien que proche des idées, je ne suis pas d'extrême gauche), je suis violemment en désaccord avec leur position sur le jeu de rôle. Je ne condamne pas ces gens, mais je combats certains de leurs propos actuels sur le jeu de rôle.

    J'en viens à la conclusion que mon article ne fait pas suffisamment la différence entre "personne apolitique" et "propos apolitiques au sujet du jeu". Donc, pour préciser encore un peu plus ma pensée : je dirais que je condamne les propos apolitiques au sujet du jeu. Par contre, je ne crois pas qu'il puisse exister de "personne apolitique" je n'ai rien contre vous et je suis certain que vous êtes révolutionnaires et concernés par d'autres sujets. Vous invite seulement à ne pas commenter les articles qui ne vous concernent pas et, surtout, je vous invite à créer ce podcast sur le jeu de droite.

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  11. Désolé, je vais à nouveau vous infliger l'inconfort d'une contradiction.
    Je n'ai apparemment pas été assez précis. Un podcast qui aborderait le JdR à travers un prisme politique militant de droite ou d'extrême droite me déplairait tout autant.

    Pour donner un exemple sur un autre média, la mode actuelle des séries US tendant à rechercher une représentation de diverses communautés dans la distribution, même au détriment d'un worldbuilding cohérent et de la fidélité à l'œuvre de base me déplaît, car un message et une expression politique extérieure au propos de l'œuvre prennent le pas sur ce propos. Donc je me réjouis de la déconstruction que des critiques en font sur YouTube. Il se trouve que ces critiques sont souvent très à droite (trumpistes, car ce sont des anglo-saxons), donc je passe à autre chose quand ils commencent à étaler leurs propres idées politiques, généralement affligeantes. L'intérêt des militants extrêmes des deux bords (et c'est à mon avis le seul) est ici de savoir parfaitement repérer et analyser la paille dans l'œil de ceux qui leur font face.

    Pour donner un.exemple positif, le podcast lpdvelh, qui a par ailleurs des défauts arrive à parler de livres-jeux sans y mettre une once de politique. C'est donc possible.

    Pour le reste, je ne vais pas commenter les fausses dichotomies qui émaillent votre propos ("jeu politique / FATAL" ou "ne pas apprécier que des podcast JdR deviennent des outils d'un prosélytisme particulier" / "en vouloir qui soient l'outil d'un prosélytisme antagoniste"). Elles ne font qu'illustrer et confirmer ma métaphore du cirque.

    Sur l'apolotisme (mettons que le mot existe) il faut en effet faire la différence entre :
    - un individu se disant apolitique ou neutre sur un sujet, ce qui revient j'en suis d'accord à valider passivement le status quo ;
    - un groupe se disant apolitique ou neutre sur un sujet, ce qui peut tout aussi bien révéler une absence de consensus interne sur ce sujet, qui n'est à priori pas le point d'intérêt central du dit groupe, et en soi ne valide rien ;
    - le fait qu'une œuvre, une activité, une instance particulière d'un média n'exprime pas de position sur un sujet politique, indépendamment des positions des auteurs et récepteurs, ce n'exprime rien d'autre que le fait que ça n'est pas le sujet, et que ça n'a pas â l'être.

    C'est sur ce dernier point que je ne vous suis pas. De deux choses l'une.
    Soit vous voulez que le JdR PUISSE être un média politique. Vous avez alors déjà satisfaction, le fait que vous soyez auteur auto-édité en est une manifestation et il n'est nul besoin de "[se] battre pour". Je ne serai simplement pas client des jeux en question et tout va bien, je ne suis en effet pas concerné.
    Soit vous pensez que le JdR DOIT être un média portant un message politique, ou que ceux qui ne le sont pas sont à jeter, et alors tout joueur ou auteur est concerné, y compris moi, car vous vous posez en prescripteur.

    Le problème de votre discours est que vous glissez régulièrement d'une position à l'autre (généralement le sens de la plus grande commodité) alors qu'elles sont incompatibles.

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  12. Aucun problème, je suis toujours disposé à discuter.

    Je comprends nettement mieux votre discours avec ce dernier poste. Le problème, c'est que pour moi, faire un jeu apolitique revient à faire un jeu politique qui s'ignore. Un jeu conservateur. Donc, la question, ce n'est pas que le jeu DOIVE ou PUISSE être politique. Le jeu pour moi, EST politique qu'on le veuille ou non. Chaque auteur doit donc se positionner.

    J'ai l'impression que ce que vous dites, c'est "non, on peut aussi ne pas se positionner du tout" et, dans second temps : "Romaric, votre injonction a se positionner politiquement me fatigue" si je traduis bien, cette fois. ^^

    Hélas, selon moi, vous n'avez pas vraiment le choix. Faire un jeu divertissant, c'est aller dans le sens du conservatisme. Et attendez ! ce n'est pas grave. J'ai moi même crée des jeux pour se divertir et c'est cool aussi de temps en temps, de juste être mainstream, de ne pas se prendre la tête. C'est cool et c'est même indispensable pour vivre. Mais il faut en avoir conscience !

    Vous savez que j'ai fait un jeu Lolirock pour le fun, pour ma nièce ? Le jeu n'est pas en vente, car je n'ai finalement pas eu les droits de la série.
    https://www.youtube.com/watch?v=iAGJAYTVhdM&list=PLF_J6_tu8YcWwg1WGWRu2Nb0ol8KvixDU

    Pas certain que ce jeu soit très politique. =D Je suis même certain du contraire. Le jeu est donc conservateur. C'est un produit, un pur produit puisqu'il a été conçu pour plaire à ma nièce. Et c'est cool !

    Je n'empêche personne de créer des jeux, quelles que soient leurs idées politiques, pas même moi ! La preuve ci-dessus avec l'exemple de Lolirock. Seulement, si nous faisons tous la promotion des jeux mainstreams, sans jamais promouvoir les jeux plus politisés, il ne faut pas s'étonner qu'ANTIFA, LE JEU se trouve ainsi retiré des rayons de la FNAC. Les jeux non-mainstream, c'est un peu comme le sucre. On peut consommer du sucre si on fait du sport. On peut écrire et jouer à des jeux pour se divertir, si on a une consommation de jeux politisés à côté. Voilà une vie saine de gamer sain.

    C'est pourquoi, je crée et je joue à Lolirock tout en faisant la promotion de Dog eat dog.

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  13. Les jeux mainstream (et non pas "non-mainstream"), c'est un peu comme le sucre. On peut consommer du sucre si on fait du sport. On peut écrire et jouer à des jeux pour se divertir, si on a une consommation de jeux politisés à côté. Voilà une vie saine de gamer sain.

    C'est pourquoi, je crée et je joue à Lolirock tout en faisant la promotion de Dog eat dog.

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  14. Question de degré probablement. Pour préciser ma pensée -- la discussion a cet intérêt -- qu'un jeu soit intrinsèquement porteur de valeurs politique ne me gêne pas, qu'il se veuille militant me fait lever les yeux au ciel.

    Ainsi, l'essor des jeux de plateau coopératifs, ou compétitifs mais sans affrontement entre joueurs répond probablement à une volonté politique forte des éditeurs (notamment en Allemagne) de promouvoir un certain type de relations sociales. Il y a ici un contenu éducatif et transformatif très puissant, juste à travers les systèmes de jeu. Mais ni les éditeurs ni les auteurs ne se teignent les cheveux en vert avant de monter sur une caisson à savon pour haranguer les passants, drapés tout nus dans le drapeau de l'amitié.

    A l'opposé, Dog eat Dog (que je ne connais que d'après ce que vous en relatez et les quelques lignes de présentation du DriveThruRPG) sent à plein nez le militantisme naïf et lourdaud :
    "Dog Eat Dog is a game of colonialism and its consequences."
    - Pfff... Mon dieu...
    "It tells the story of the natives of a small Pacific island as they come into conflict with a foreign occupation force attempting to seize it from them."
    - C'est en fait assez rare historiquement que ça se passe comme ça. Généralement le colonisateur -- européen du XIXe siècle, j'imagine -- s'appuie moins sur "une force d'occupation" que sur une partie de la population locale et le groupe des colonisateurs recouvre une diversité de gens animés par des intentions de toutes sortes. On est ici dans une représentation infantile du phénomène de colonisation, dans du Lavisse tiers-mondiste. Ça a en fait davantage l'air de décrire l'invasion de l'Ukraine par les nazis en 1941. C'est un peu ennuyeux de faire un jeu militant sur un sujet et sans avoir l'air de comprendre le sujet en question. Mais je suis peut-être injuste, je n'ai pas lu le contenu qui colle peut-être mieux aux réalités qu'il veut traiter, disons que la présentation est désastreuse.
    "L'arbitre est le plus riche dans la vraie vie, ce qui montre que l'oppression..."
    - Bon, l'égalité implicite : "arbitre = oppresseur=plus aisé financièrement=arbitre" est fausse sur ses trois branches, de manière évidente. L'auteur ne révèle pas par ce procédé lourdingue une vérité, il assène une ânerie. Et quel excellent moyen d'installer une bonne ambiance autour de la table !
    Bref, sans doute pas un jeu pour moi, alors que je trouverais sans doute intéressant un scénario d'un jeu main stream plan-plan, qui se passerait dans un contexte colonial et mettrait en lumière de manière bien documentée, à travers l'histoire ou le back-ground, certains de ses travers, voire de ses atrocités.

    En somme, rien n'interdit d'être subtil. Et dire "je suis militant", c'est pour moi manifester son manque de subtilité.

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  15. "Dog eat dog" est beaucoup plus subtile que ma présentation le laisse penser, du coup. Je vous invite à écouter le podcast sur le jeu, pour vous faire une opinion, voire, encore mieux, y jouer : https://www.lacellule.net/2018/05/podcast-one-shot-n62-dog-eat-dog-de.html
    Franchement le jeu est excellent et parle même du phénomène que vous décrivez. Allez-y, ne vous fiez pas à votre première impression, ou au court textes écrits sur le jeu. L'objectif de ces textes est de présenter le jeu rapidement. Mais dog eat dog est plus subtile. Quand vous y aurez joué, je lirai vos retours avec grand intérêt. J'aimerais bien savoir, si ce jeu a la force de vous faire apprécier ce type de proposition.

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  16. Après écoute du podcast, quelques réactions :
    1- Il ressort des discussions l'impression d'une déférence envers l'auteur, qui serait particulièrement légitime à faire ce jeu car il aurait eu du fait de ses origines une expérience personnelle en relation avec le thème. C'est assez clairement une fallacie d'appel à l'exotisme, pas loin d'être raciste en dernière analyse. A mon avis, les origines familiales de l'auteur n'ont finalement pas grande pertinence : si l'on en juge par son nom, il a pour partie des ascendants philippins. Le déroulé historique est : colonisation espagnole au XVIe siècle; guerre hispano-américaine de 1898 avec alliance de fait entre indépendantistes philippins et corps expéditionnaire américain ; déclaration d'indépendance non reconnue, imposition d'un protectorat américain et insurrection jusqu'en 1902 ; fin des dernières actions de guerilla en 1913 ; invasion japonaise en 1941 ; reconquête US à la fin de la guerre ; indépendance en 1946. Bref l'auteur fait allusion à des événements dont ses grand-parents ou arrière-grand-parents ont vécu la fin. Je peux ou vous pouvez écrire un jeu sur les conséquences du militarisme prussien sur les populations civiles du Grand Ouest de la France, et ce jeu peut être excellent, mais il serait ridicule de nous voir attribuer une légitimité spécifique au titre d'un vécu personnel : n'importe quelle personne se documentant de manière adéquate aurait la même. Et au passage, le schéma de l'armée surgie de nul part qui écrase une île pleine d'indigènes encore pétris de leur authentique culture primitive ne s'applique précisément pas aux Philippines.
    2- Comme le disait mon professeur de mathématique en première année de classe préparatoire : "Quand on fait figurer sa conclusion dans ses hypothèses, on n'a en général pas de mal à démontrer la dite conclusion". Ici, on a des règles du jeu mettant en œuvre des asymétries de pouvoir fortes dans la construction de la narration et une incitation à construire des histoires conflictuelles. Cela permet de mettre les joueurs en position de ressentir qu'être opprimé, ce n'est pas agréable, et que continuer à faire mine de rien ce qu'on veut dans au sein d'une structure oppressive, c'est difficile. Soit. La plupart des gens s'en doutaient déjà, je pense. Et aussi qu'opprimer quand on a les moyens et les motivations pour le faire, c'est facile et naturel. Apparemment, c'est une révélation très inconfortable pour certains et c'est un bon point pour le jeu : pouvoir faire sortir un joueur naïf prenant le rôle du colon de la certitude que le mal, c'est les autres. Mais au bout du compte, quel intérêt ?
    3- La thématique semble au final complètement plaquée : on utiliser les mêmes règles avec un thème "enfants à l'école maternelle" ou "la cuisine d'un restaurant au moment du coup de feu de 20h15" et obtenir le même résultat. Autrement dit, le jeu peut être porteur d'enseignements sur les structures de pouvoir que ses règles miment -- et à mon sens, ce message est trivial -- mais pas sur sa thématique. Pax Elfica ou Spire, que je connais encore moins, sont sans doute plus efficaces de ce point de vue.
    4- Ce n'est pas propre à celui-ci en particulier, mais j'ai du mal à m'intéresser à des jeux dont la proposition est "je vais construire un système" ou "je vais vous enseigner mon opinion" ou "je vais construire un système permettant de vous enseigner mon opinion" plutôt que "je vais vous raconter une histoire et vous mettre en position de continuer à vous en raconter entre vous".
    En somme, je ne suis pas conquis.

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  17. Salut,

    Merci pour le texte, et la discussion après. Certaines réflexions ont stimulées les miennes et c'est un effet qui me plaît. Je ne souhaite pas rejoindre le débat en court, ni débattre tout court, mais plutôt partager 2 réflexions que je me suis faite en lisant tout ça et ainsi apporter ma contribution à la stimulation collective autour de ces thématiques. Je précise pour la compréhension que je fais partie du projet-evasions, réseau anarchiste qui justement crée et publie des jeux:)
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    1. 1. Mon impression c’est que, ce sont rarement les auteurs qui qualifient leurs jeux, de «jeu militant». Ce sont en fait le plus souvent les personnes qui sont critiques de voir tels ou tels contenu apparaître dans un jeu qui le qualifie ensuite de «militant, outil de propagande, etc».
      Et d’ailleurs ce n’est souvent pas clair exactement à partir de quand un jeu reçoit l’étiquette de «militant» ou «outil de propagande». En vrai, pour des personnes homophobes, tout jeu qui fait apparaître de l’homosexualité sous un angle neutre, normal ou positif, sera déjà qualifié «d’outil de propagande, de jeu du lobby queer-lgbt», etc, alors que d’autres personnes n’y verront plus du tout de notion politique. En fait quand des personnes s’insurge que tel ou tel jeu à un propos «politique» ça en dis souvent plus long sur ces personnes que sur le jeu en question (ce que Anne dis sur Hélène en dis plus sur Anne que sur Hélène).
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    2. En fait quand A mon avis, ce n’est pas un hasard si ce ne sont pas l’appellation «militant» ne viennent pas des auteurices eux-elles même.
      Paske dans la majorité des cas, ce n’est pas le propos de faire un jeu «militant». Le propos est ailleurs. Le fameux jeu ANTIFA par exemple, n’est jamais présenté comme un jeu «militant». Libertalia (l’éditeur) le présente comme un jeu de gestion et de simulation. On y joue des militants antifascistes, mais comme dans d’autres jeux on joue des templiers. Et il est écrit que à la base, le jeu servait pour faire des formations internes. Quand on a fait notre jeu TACEO, on voulait en première ligne avoir un outil ludique pour se former à résister aux interrogatoire de police. Le jeu qu’on vient de sortir d’Axiel Cazeneuve , CHILDFREE qui thématise l’interruption volontaire de grossesse, a été crée a partir d’une expérience personnelle de l’auteurice. En fait, ce que l’on s’aperçoit c’est que c’est juste des personnes qui parlent de leur vécut et développe leurs créations en fonction de leurs intérêts, besoins et expériences. Comme le font d’ailleurs quasi tous les personnes qui créent des jeux non ? Sauf que dans un cas, les propos sont considéré comme dans la norme (jouer des aventuriers pillant des donjons, des jedis luttant contre l’empire, etc) alors que dans d’autres cas non (jouer des groupes racisés s’organisant contre la suprématie blanche, etc.). Ce n’est pas un hasard si les jeux Belonging Outside Belonging qui sont majoritairement développé par des personnes issues de groupes sociaux marginalisée thématisent ...comment des groupes sociaux marginaux survivent en communauté. En fait ce que j’essaie de dire c’est que les jeux comme la plus part des créations reflètent la vie de leur auteurice et que le débat de «est-ce qu’il faut politiser les jeux» ne se posent même pas vraiment dans ce contexte.
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    3. Pour le dire autrement, lorsque les jeux reflètent des thématiques qui touchent des populations oppressées, il y a souvent une réaction virulente sur le fait de «politiser les jeux» mais sinon tout va bien – même lorsque ces jeux ont aussi un propos politique, comme par exemple des Jedis qui se battent contre un empire fasciste, pour reprendre cet exemple. Ce qui dérange c’est ce qui est montré à travers le jeu. Ce qui est frappant et qui souligne ce phénomène, c’est que ici on ne parle uniquement de la couleur du jeu, des thématiques abordées. On parle de ce qu’est ou n’est pas un jeu qui aborde des thématiques vues comme politiques, pas de ce que pourrait être un jeu avec un game-design politique (à ce propos on peut lire l’article traduit sur notre site «l’insurrection n’est pas un jeu» qui est un interview de créateurices du jeu Bloc by Bloc.).
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    4. 2. Pour revenir sur le propos initial de l’article de Romaric sur l’échec collectif que représente la polémique autour du jeu Antifa et y apporter une réflexion supplémentaire. En fait, lorsque j’ai vu qu’il avait été écrit sur le «jeu» Antifa, dans les articles le critiquant, ça m’a effectivement posé question. J’ai réfléchit à des analogies avec d’autres Médias. Prenons l’exemple de la musique. Lorsque les groupes de RAP Ministère Amère ou La Rumeur ont été accusé à cause de leur texte trop politique, personne n’as écrit que ces groupes faisait de la «musique». En fait personne n’a remis en question le fait qu’ils faisaient de la musique, le débat sur «est-ce que le Rap est de la musique ou non» n’as pas été ouvert. Ce qui a fait polémique c’est qu’ils aient utilisé leur media (la musique) pour y faire passer un contenu qui a dérangé le gouvernement qui a posé plainte. Pareil pour les polémiques autour de films ou de livres. Jamais on en remets en question que le film ou livre sur lequel on débat est bel est bien un livre ou un film. On ne place pas ces médias entre «».
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    5. Donc oui, le fait qu’il y aie été écrit si souvent : ce «jeu» et que dans cette polémique il a été remis en question si Antifa était bien un jeu ou non et bien propre au monde du jeu et montre la faiblesse et le manque de légitimité de ce média. Et cela devrait à mon sens, faire s’interroger et se sentir menacé tous les créateurices de jeu. Que des personnes ne soient pas contentes avec le contenu que véhicule un jeu, d’accord, on peut s’y attendre. Mais d’autres personnes que les créateurices de jeux, se donnent la légitimité de définir ce qu’est ou n’est pas un jeu, et cela en fonction de leur opinion subjectif sur le contenu ou le propos de ce jeu… c’est qu’il y a un problème et une menace pour le monde du jeu.
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    6. En vrai, la question de pourquoi des jeux sont vu comme politiques et de la légitimité sociale qu’ont les jeux est profonde et touche à plein d’autres sujets. Ça mériterai des réflexions et échanges beaucoup plus longs… que j’adorerai mener-écouter sur un podcast de la cellule.
      Voilà ce que je voulais partager. Merci de m’avoir lu:)



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  19. Les commentaires ci-dessus m'ont été envoyés par un membre du réseau évasion qui n'a pas réussi à les poster. Je les poste ici avec sa permission. Les deux commentaires supprimés sont des erreurs de post de ma part lors de l'importation du texte. Désolé pour la gène occasionnée. ^^

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  20. Nouvelle intervention du râleur des messages précédents.

    En réalité le caractère " militant " d'un jeu ou d'un autre médium n'est pas bien mystérieux : la plupart des gens lui colleront cette étiquette, que l'auteur la revendique ou non, si le médium en question a l'intention visible de véhiculer une thématique contemporaine de nature politique ou sociale polémique, de manifester une prise de position sur cette thématique, et s'ils (les gens) pensent que la volonté de démontrer et de convaincre de la dite position prend le pas sur l'aspect artistique, ludique etc.

    Et au bout d'un moment, il faut être honnête : pourquoi diffuser un tel médium si ce n'est dans le but d'évangéliser ceux qui le consommeront.

    Il y en a sans doute que ce genre de médium dérange, mais je pense que la plupart -- dont moi -- les rejette simplement parce qu'ils les ennuient. Parce que même dans le cas où ils sont déjà sensibles à telle injustice ou oppression particulière, consacrer une partie de leurs loisirs à un jeu de cartes, de plateau, de rôle sur l'avortement, la mucoviscidose, les méfaits du colonialisme, les problèmes des transsexuels ou les violences confessionnelles au Nigéria ne les intéresse absolument pas.

    Et même, certains -- dont moi -- pensent peut-être que se donner bonne conscience à peu de frais en achetant un tel jeu relève de l'afféterie narcissique, que c'est un truc de petit bourgeois poseur préférant accomplir un geste sans aucune portée que d'assumer son inaction, qui n'est pourtant pas forcément condamnable. Des patenôtres de grenouilles de bénitier.

    Quant au but pédagogique éventuellement recherché par les auteurs, disons simplement qu'il existe, bien évidemment, des gens qui adorent assister à des cours de catéchisme pendant leurs loisirs, mais que tous sont déjà des convertis :)

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