jeudi 22 mars 2018

Podcast JDR : Pourquoi les rôlistes ont-ils une mauvaise opinion des rôlistes ?



(Durée 01 : 53 : 34)
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"Les rôlistes sont tous des cons" cette célèbre assertion de Thomas Laborey montre à elle seule toute l'estime que les joueurs de jeu de rôle portent à leur propre communauté. Fort heureusement ce sont les rôlistes qui sont cons. Nous, nous jouons au jeu de rôle, ce n'est pas tout à fait pareil...


Avec Jérôme S, Pierre Rozier, Adrien Cahuzac, Frédéric De-Nève Leroy et Emmanuelle Meffray, nous nous interrogeons sur les préjugés que les rôlistes entretiennent au sujet des rôlistes. Pourquoi les rôlistes ont-ils une si mauvaise opinion d'eux-mêmes ? Faut-il y voir une intériorisation de la critique médiatique ? Ou bien le fait d'un jeu de rôle traditionnel qui ne nous permet pas vraiment de jouer en dehors de notre cercle restreint ? "Rôlistes", "Grâlistes", "Roro", "Narrativo-vegans" autant de termes dont il faudrait s'affranchir pour devenir des joueurs comme les autres.

Bonne manif à tous ! Portez-vous et surtout jouez-bien !

15 commentaires :

  1. Pour ce qui est de la comparaison avec le jeu video, au-delà du social, effectivement le jeu vidéo brasse énormément d’argent dans le monde néolibérale, les média mainstream ne l'attaquerons pas.

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    1. Effectivement il suffit d'avoir vu l'évolution du traitement du jeu vidéo dans les médias, on est passé de "les jeux vidéos rendent-ils fous et violent" à "le phénomène du moment c'est la sortie de Fifa 19"...

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  2. Narativo-Vegan ??? O_O
    Le Véganisme est attaqué par Libération !
    Dangereux cet expression !

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  3. Bien vue Flavie, ces cons sont dans mon salon ! (55')
    Je joue donc, je suis un enfant ! Bien vu aussi ! (57')
    Donc reviens a dire que le jeu vidéo y échappe industriel et brasse de l'argent donc c'est sérieux.
    Le jeu de rôle ne peut pas être industriel sauf D&D.
    Est sérieux ce qui brasse de l'argent, est réelle ce qui appartient à l'économie de marché libérale !

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  4. Le problème est que lorsqu'on parle d’économie, on entends économie néolibérale de marché capitaliste. L'économie a d'autre possibilité : le Don, la socialisation des moyens de production et certainement d'autre encore. Et nos dimensions humaines ne sont pas qu'économique. Le jeu de rôle nous en fait imaginer d'autres et ce totalitarisme économique réveille notre esprit rebelle !

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  5. Je commente en étant au 2/3 du podcast.

    A la réflexion. J'ai l'impression que y'a aussi derrière un truc qui me rappelle beaucoup les jeux de hiérarchisation sociales qui existent dans la masculinité de manière générale : l'idée derrière est que créer des "traits déplaisants" permet de se hisser soit même "au dessus" des autres "moi je suis roliste mais je suis pas [truc]" tout en permettant de justifier des choses limites (quand on écoute parfois les meneurs dialoguer entre eux si y'avait pas le contexte du jdr, niveau jugement des joueurses ça fait peur) car "c'est comme ça que le groupe est". Étrangement l'auto-denigrement en est plus un système de justification préventive. C'est d'ailleurs une mécanique qu'on retrouve dans le milieu du jeu vidéo qui est aussi un milieu très "masculin".

    C'est bien entendu pas l'unique explication. Mais je jetterai pas cette piste à la poubelle.

    Personnellement je sais que dans les milieux rolistes moins "masculins" j'entends bien moins souvent ce style de remarque.

    (J'ai bien conscience de l'aspect "bombe a shitstorm" du truc. Mais ca me semblait une piste pertinente)

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  6. Une piste justement chez tonton Freud et son "narcissisme des petites différences" :

    https://www.cairn.info/revue-topique-2012-4-page-37.htm

    pour citer l'article :
    "« Le narcissisme des petites différences » [...] par lui s’exacerbe l’ambivalence, plus particulièrement les haines inexplicables entre personnes, groupes ou collectivités proches et largement semblables, mais qui éprouvent le besoin narcissique de surinvestir leur différence. C’est ce besoin narcissique et politique lorsqu’il s’agit des groupes qui deviendrait fondateur du sentiment d’étrangeté et d’hostilité éprouvé à l’égard de ce qui se présente à prime abord comme semblable ou comme proche."

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  7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  8. Sur une table de jeu de rôle, on a tendance à exprimer ses colères et ses désirs les moins glorieux à travers son personnage. Les masques sociaux tombent et les gens révèlent, sans le savoir, les aspects les plus glauques ou les plus minables de leurs personnes. Normal qu'au début, on ait mauvaise opinion les uns des autres. Et après on se rend compte que même si ça ne se voit pas, les humains, rôlistes ou non, sont tous comme ça.

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  9. J'ai beaucoup aimé ce podcast, mais ce qui m'a vraiment marqué c'est la fulgurance de Romaric quant à l'enfance à la fin.

    Merci Romaric d'avoir exprimé une opinion à contre-courant du cynisme ordinaire. Faire preuve de passion bienveillante et de sincérité sans s'auto-censurer par peur du ridicule, c'est pour un moi un signe de Résistance qui mérite toujours d'être salué.

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    1. J'ai exactement la même opinion, Romaric a mis les mots justes sur mes sentiments de jeune parent

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  10. J'ai fait partie de plusieurs assos de JDR et n'ai jamais constaté de dénigrement envers les autres pratiquants du loisir. Tout au plus des remarques sur le fait que l'hygiène passe parfois au second plan pendant une convention ou des blagues au second degré sur nos pratiques sataniques présumées (le rôliste aime l'ironie et la dérision).

    - Quoi qu'il en soit quelques remarques complémentaires :
    Plutôt que le "brain damage" qui fait suite aux premières parties vécues, je préfère le terme d'imprégnation qui est très parlant. Autant éviter d'aller chercher dans la langue anglaise lorsqu'on peut exprimer une idée dans sa propre langue !

    - "sauver les rôlistes" est au moins du 2ème degré. Voire plus. Comment douter du côté parodique de la chanson après quinze ans de productions chaotiques de Poc et son équipe ?

    - la peur d'annoncer qu'on est rôliste vient effectivement du côté jeu et de ses connotations enfantines et surtout immatures, tout à fait d'accord avec l'intervenant. Et c'est aggravé par le fait qu'on prend cette activité supposée enfantine très au sérieux.

    - "on est tous différents, il n'y a pas d'identité rôliste, ou française, ou vieux, ou etc"
    ces passages par contre étaient assez navrants. Il y a eu pendant plusieurs décennies un culte de l’indifférenciation et de l'individualisme mais il faudrait en revenir. Des individus rôlistes sont différents, ils n'en ont pas moins un ensemble de points communs autour desquels ils gravitent, et qu'ils ne partagent pas avec les non-rôlistes. Cela suffit amplement pour définir une identité rôliste.
    Pour la blague, qui oserait affirmer : "Les jours sont tous différents, il fait chaud, froid, il pleut, il fait beau, l'identité "été" ou "hiver" n'a pas d'existence" ?

    - "créer des "traits déplaisants" permet de se hisser soit même au dessus" . Pas faux, je trouve ce comportement assez pervers mais c'est loin d'être la seule forme de manipulation sociale possible. Après si c'est plus un trait masculin, je ne saurais le dire faute de statistiques suffisantes même si j'ai également vu ça dans des groupes très politisés à majorité féminine. Peut-être que ces remarques peuvent être plus mal prises par les femmes que les hommes, et donc moins souvent dites ?

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    1. D'accord avec les différents points de ce message. Personnellement, j'ai d'ailleurs un a priori très positif quand quelqu'un dit bien aimer le jdr.
      Podcast intéressant cependant.

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  11. Merci pour ce podcast stimulant, ca m'a donné le goût de commencer une bafouille sur le sujet https://jdr.hypotheses.org/495

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  12. Bonjour!

    Alors quelques petites choses que je jette comme ça :

    - la comparaison entre libertinage et JDR est pertinente car les deux pratiques concernent des personnes responsables et consentantes se livrant à un exercice qui les met à nu et n'engendre aucun bénéfice financier de la part des participants. Le libertinage a plus d'ancienneté que le JDR et a codé ses différentes pratiques : le 'libertin' n'existe que sous le regard des 'vanille' (les 'Gaijin', 'Goy', des libertins, c'est le terme pour définir les 'non libertins'), donc ce groupe n'existe qu'en creux pour lui-même, en ce qu'il existe face à une moralité dominante. Rentrez dans ce cercle, et vous découvrirez nombre de pratiques distinctes dont certains adeptes méprisent souverainement les autres. De même, je pense sincèrement qu'il n'y a pas qu'UN jeu de rôle, que cette communauté n'existe comme telle que dans l'esprit des rôlistes lorsqu'ils s'efforcent de se regarder par les yeux des non-rôlistes. Lesquels, en réalité, s'en cognent, tant ils ne savent pas qu'on existe.

    - Il n'y a pas de contrat social parfaitement clair en jeu de société 'plateau' non plus. La règle zéro d'un jeu compétitif "chacun doit faire de son mieux pour l'emporter" n'est par exemple jamais écrite, et un flou persiste sur qu'est-ce que gagner, ou quelle ingérence dans le jeu des autres puis-je me permettre lorsque je ne suis plus dans la course aux points mais que je suis toujours à la table (cf 'kingmaking'). Un exemple : tel jeu se termine lorsqu'un joueur atteint quinze point, puis on finit le tour de table pour que tout le monde ait joué le même nombre de tour. A mon tour, je fais le coup qui, mathématiquement, ne peut que me faire gagner, mais j'ai deux options : prendre telle carte et faire 15, ou prendre telle carte, faire 15 aussi, mais en priver la personne qui joue après moi en diminuant ainsi son score final. Bien que cette personne ait perdu dans les deux cas, j'estime que gagner c'est 'gagner le mieux possible' en créant du différentiel, alors que l'autre pense que c'est une attaque personnelle de choisir la deuxième option. Contrat social incomplet, et qui montre les limites du concept même de contrat social en jeu : il se nichera toujours du flou, surtout moral, dans une pratique intellectuelle. Alors dans un jeu dont les règles seront toujours nécessairement plus molles, ce sera forcément pire ( les règles 'dures' en JDR, on peut s'en rapprocher mais on n'en restera toujours très loin, même les JDP 'de communication' sont infiniment plus mous que les 'gestion', alors que les règles et les systèmes de storing aujourd'hui pour ce genre de jeux sont vraiment huilées…)

    - Concernant le Dumagate, j'ai connu personnellement (je ne me permets donc aucune statistique ni ne prétends toucher à l'absolu sur ce sujet!) plus de rôlistes complaisants et excités à l'idée d'une censure et d'avoir une pratique transgressive. Je pense que cela explique en grande partie le phénomène sectaire et qui à empêcher le jeu de rôle de devenir 'des jeux de rôles', serait ainsi obsolète l'idée que les rôlistes haïssent les rôlistes : les fans de tuning pourraient haïr les pilotes de courses et vice-versa sans que cela ne chagrine personne, puisqu'ils n'ont pas d'événements communs, et aucune raison de se croiser. En l'état actuel, je comprends que cela paraisse triste, mais avec un peu de recul, ces mépris de groupe à groupe sont les répliques de schismes inaboutis qui auraient pu avoir lieu sans remous il y a longtemps, et personnes ne serait conscient de l'existence d'une 'grande communauté' pour pouvoir déplorer ses divisions.

    My two cents, désolé pour la tartine et le premier jet cafouilleux!

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