jeudi 4 septembre 2025

LiveTwitch n°22 : "Romaric, tu branles du manche ! Une théorie scientifique du jeu de rôle est possible."

(Durée 03 : 18 : 47)
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Dans l'émission 3TROLLS consacrée à la théorie, je disais que théoriser le jeu de rôle c'était d'abord mettre des mots là où il n'y en a pas. Mais me voici rattraper par la patrouille épistémologique ! Mettre des mots sur le réel n'est qu'une étape de la théorie scientifique, la première, seulement, car l'objectif d'une théorie scientifique, c'est surtout d'énoncer des lois !


Dans ce live, Valentin T, comme Théorie, vient à juste titre me rappeler à l'ordre et il en ressort une discussion sur l'épistémologie, les limites de ma vision théorique et l'exposition de mes croyances irrationnelles.


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11 commentaires :

  1. La théorie du jeu de rôle selon RB consiste donc à élaborer, penser, théoriser, raffiner, peaufiner un vocabulaire commun précis, pour ensuite ne en rien dire, mais ne rien en dire de manière précise. C'est fascinant de vanité.

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    1. Il est possible de voir les choses un peu différemment. Romaric cherche un langage commun, dont la fonction première, comme pour tout langage, est de pouvoir transmettre des émotions et des réflexions entre les personnes. Ainsi, les approches de Valentin et Romaric sont complémentaires : la théorie de Valentin tendrait vers une description de rapports causes-conséquences, tandis que celle de Romaric cherche avant tout un moyen de transmission le plus précis possible.

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  2. A écouter Valentin, j'imagine qu'il connait l'ensemble des recherches de Bruno Latour sur les Modes d'existence car sa méthode ressemble énormément.

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  3. Ce qui vous sépare c'est votre conception du jeu de rôle, ancré dans ce que vous êtes. Pour Valentin, c'est une science expérimentale (entendez : un truc qui fait partie du réel et qui d'étudier et se manipule). Pour Romaric c'est un art (entendez : une façon d'expérimenter le réel). Dans les deux cas, on peut développer des techniques et même des théories. Mais les deux se distinguent par leurs destinations.

    La science a pour but de donner du sens. L'art a pour but de produire un sens.

    Le jeu de rôle est donc un art. Romaric a raison.
    Quant à savoir pourquoi Valentin ne peut pas le voir :
    Il voit la physique, la physique fondamentale, la physique expérimentale. Romaric voit aussi cela. Mais il voit aussi la métaphysique (et si je ne me trompe, il serait foutu de dire: tout est métaphysique ;) )

    Merci pour ce débat passionnant

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    1. Merci de cette fantastique démonstration d'aimable et complaisante rhétorique, mais je ne pense pas que l'on puisse ici sauver RB.
      Le JdR est une activité sociale, qui s'accompagne de la production de performances interactives et de textes écrits. Certaines de ces productions peuvent s'apparenter à de l'art, voire en être. C'est un fait.
      Maintenant vient la question de l'analyse de cet objet, du développement de théories à son propos, qu'elle soient purement descriptives ou qu'elles aient une vocation opérative (grâce à la théorie, je fais des parties plus satisfaisantes ou j'écris de "meilleurs" JdR, scénarios etc.). Qu'on le considère comme une pratique sociale, un art ou le deux à la fois ne change rien à l'affaire : quelqu'un qui étudie l'art, le cinéma, la sociologie ou quoi que ce soit d'autre ne passe pas son temps à élaborer et discuter des concepts hors sol sans jamais regarder une œuvre ni chercher à croiser ses théories avec les œuvres existantes. Il analyse les œuvres et, en tant que de besoin, développe et affine les concepts et le vocabulaire utiles à la formalisation de cette analyse. Et ça ne l'empêche pas de dans certains cas de pratiquer les arts en questions.
      Les gens de l’École du Louvre ne passent pas des années à juste essayer de définir ce qu'est l'art et comment on peut en parler. Ils analysent des œuvres.
      S'il s'agit simplement de créer un appareil théorique et langagier à propos de tel objet sans jamais se référer à lui ni en dire quoi que ce soit d'utile, sans produire de savoir, en débattant à l'infini de l'usage de tel ou tel mot et en tentant de s'expliquer les uns aux autres -- souvent de manière polémique et confuse -- ce que l'on entend par chaque néologisme, on est dans le domaine de l'élucubration flottante et creuse. Il est vrai que certaines personnes se piquant de philosophie se perdent facilement dans ce genre de travers.
      Alors attention, je ne dénigre pas l'élucubration collective en tant qu'activité en soi. Elle peut être tout à fait satisfaisante pour les participants et les témoins. Il peut bien sûr être grisant de s'émerveiller de sa propre confusion. Je nie simplement l'utilité spéculative et opérative de cette activité et conteste sa prétention à produire un savoir. C'est une pure distraction oisive.
      Il me paraît donc faux et malhonnête de dire que dans cette conversation, RB et son invité sont à égalité, l'un considérant l'objet de la discussion comme un art, l'autre comme une science. C'est même une tentative de sauvetage (et aussi d'auto-sauvetage vers la fin de la discussion) assez pathétique, voire socialement dangereuse car il s'agit, en dernier ressort et toute proportion gardée, de valider -- par excès de courtoisie ou par incapacité à se remettre en question -- le charlatanisme et de le hisser au niveau de la science.
      Les deux parlent de quelque chose qu'ils considèrent à la fois comme un art et une pratique sociale ; l'un l'analyse grâce à des outils théoriques issus de la sociologie et des sciences cognitives, produisant des hypothèses intéressantes ; l'autre élucubre sans rien produire d'autre que du bruit.
      La description donnée par Croc, si elle peut blesser par son abrupte franchise, est en définitive très vraie. Qu'un enregistrement et un schéma uniques aient mieux clarifié l'objet de 70 ou 80 années de podcast de la Cellule en témoigne assez clairement.

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    2. En fait tu fais moins le procès de la vision de Romaric que de celui de la philosophie en terme de pratique.

      Honnêtement sur ce point tu fais fausse route en pensant que la science est in fine supérieure car elle produit du savoir (et c'est ingénieur qui te dit ça).

      La philosophie ne produit aucun savoir, mais le structure. Cette structure même est ce qui permet au savoir de devenir performatif, c'est à dire impacter le réel.

      Personnellement, quand je travaille, mes connaissances scientifiques me permettent d'évaluer les techniques et les procédés qui devraient me conduire à un but. Mais c'est souvent de la pure philosophie, l'étude des principes macro et micro qui régissent mon métier et qui sont contingents à notre culture qui me conduisent aux réalisations que je produis, dans leurs détails comme dans leurs ensembles.

      Je sais que la science seule aurait pu me conduire à un résultat radicalement différent dans un contexte différent.

      Si tu n'arrive pas à voir cet aspect là de la réalité, en le taxant d'elucubration et de confusion, j'y vois personnellement à la fois une forme de mépris et une courte vue: le seul fait que d'autres que toi puisses penser que cela ait une certaine utilité devrait te faire douter que c'est peut-être toi qui te prive d'un de tes sens. Comme le sourd qui n'a pas entendu le bruit du vent, et prétends que ce n'est qu'une sensation sur sa peau.

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    3. Magnifique rhétorique, mais comme toujours quand il s'agit de discours se rattachant à une certaine forme de "philosophie", je n'y vois qu'une suite de mots qui, ensemble, sonnent bien à l'oreille -- et c'est déjà une grande qualité -- et qui ont l'air d'avoir un sens, mais qui ne semblent pas renvoyer à une réalité tangible et au final vraiment signifier quelque chose. Peut-être est-ce un déficit de ma part.

      Ce que je critique n'est pas le fait de développer des concepts et un vocabulaire pour décrire et penser quelque chose ; c'est la prétention de penser que cette activité est utile en soi, indépendamment d'un objet effectivement étudié auquel ces concepts et ce vocabulaire se rapporteraient, dans le cadre de cette étude. Car il ne s'agit alors que d'élucubration.

      Je dis que notre Exeybeche national est dans le domaine de l'élucubration, du discours pour le discours, en référence au seul discours, et pour l'effet qu'il produit en tant que discours et non en tant que description ou conceptualisation du réel. Ça n'est pas de la philosophie et c'est moins que de la poésie, c'est au mieux du sophisme. En réalité, je crois qu'il s'agit juste de prendre du plaisir à s'écouter parler.

      Tu dis que la théorie et le cadrage philosophique, qu'une métaphysique désincarnée à la Exeybeche te permettent d'éclairer une pratique d'ingénieur et d'innover là où tu n'aurais autrement pas pu le faire. Peut-être. As-tu des exemples ? Car l'absence de spéculations métaphysiques ne m'empêche pas, pour ma part, de fonctionner et d'innover dans le même genre de domaine.

      Pour reprendre ta métaphore du vent. L'écoute des podcast de la cellule me donne l'impression de voir des gens enfermés dans une cave, qui ont suspendu au plafond un grand drap, l'observent, donnent de temps en temps des coups dedans, en parlent et disent "nous allons comprendre ce qu'est le vent et grâce à nos travaux, la question sera éclairée de manière décisive". Si je lève les yeux au ciel (ou au plafond) et annonce que je vais faire un tour dehors, où le vent souffle, les protestations de supériorité intellectuelle de ceux qui restent enfermés dans la cave ont peut de chance de me convaincre.

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  4. Pour illustrer mon propos, une formule du style "la philosophie ne produit pas un savoir, elle le structure..." est pour moi un exemple de formule creuse. Elle implique que le savoir existe indépendamment de sa structure, que ce qui produit le savoir a besoin d'une aide extérieure, déconnectée du dit avoir pour le produire.

    Pour moi les deux sont produits ensemble et sont toujours liés. Si l'on veut détacher conceptuellement une partie de cette production et l'appeler "philosophie", très bien. Encore que je ne voie pas vraiment ce que ça apporte.

    Mais dire que cette philosophie préexiste et est légitime à être pensée seule me semble aussi absurde que de dire que l'avers d'une pièce préexiste à la pièce et est la condition de sont existence. Que l'on peut contribuer à la fabrication de pièces en fabriquant seulement des avers de pièce. Non. On ne peut pas. On fabrique des pièces et elles ont à la fois un avers et un revers.

    Ce qui apparaît assez clairement dans la conversation que nous commentons, c'est que Exeybeche est totalement incompétent sur les méthodes d'analyse de son objet d'étude, pour cette raison ne produit qu'un verbiage qui en réalité ne structure aucune réflexion, puis cherche à légitimer sa vaine démarche en la nommant "approche philosophique" et compte ensuite sur la courtoisie de son interlocuteur pour affirmer "Moi aussi, j'ai un grand mot. Donc nos approches se valent et je n'ai pas à me remettre en question."

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  5. Et puisque vous semblez aimer les aphorismes, en voici un.
    Celui qui a quelque chose à dire mais parle sans rigueur discute son sujet sans poser ses définitions.
    Celui qui a quelque chose à dire et parle avec rigueur pose ses définitions puis discute son sujet.
    Celui qui n'a rien à dire discute les définitions.

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  6. Je mets tout de suite de côté les délires de notre animateur, c'est pour ça aussi qu'on écoute et qu'on l'aime, notre Pangloss MediaPart pseudo gaucho-Wittgensteino-branlo. Là il est au summum de la mauvaise foi ou de l'incompétence candide.
    Ce podcast me semble une sorte de teaser d'un travail à venir et peut être des recommandations intéressantes sur le JdR, j'y crois car la démarche semble ok, maintenant on en sait rien sans voir la suite. Le travail théorique de F.Sintes est de loin le plus enrichissant en la matière.
    Ici, V.T. va prendre l'angle de l'immersion des joueurs pour catégorisation des parties. À mon sens il faut tout de suite poser son angle d'analyse selon le nombre de joueurs et écarter le JdR solo qui n'a rien à voir avec le reste sous peine de tout mélanger et de s'y perdre.
    Particulariser aussi le JdR avec un MJ/1J à etudier mais comme un cas à part.
    Pour une pratique de type théâtrale sans public, la démarche est la bonne même si le ressenti restera à bien préciser pour aboutir à des conclusions satisfaisantes. Sensation d'être un autre ? Expérimentation d'un réel virtuel ? Lâcher prise ? Émotions particulières ? Sensation du collectif ?
    Reste des questions jamais résolues sur cette pratique JdR : par exemple une parmi d'autres : comment un joueur doit concilier sans perte d'immersion l'intérêt de la partie et l'intérêt de son personnage dans ses choix d'action ? Comment transiger et faire en sorte qu'en permanence les risques/bénéfices soient réellement envisageables par le joueur ? Pourquoi le JdR en general n'y arrive-t-il pas ? un géologue normal irait dans une cave sur une île déserte pour se faire découper par un profond ? Le joueur doit savoir qu'il va y chercher son fils ; la comparaison permanente des risques/gzins potentiels au jdR est douvent très mal faites alors sue c'est le point fort des bons jeux de société.
    Bref, j'aurais préféré que la reflexion soit plus abouti mais la démarche semble là.

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  7. Voici un lien vers l'article (en rédaction) : https://docs.google.com/document/d/1sD9YBPwIu48ukxQPJd_sr0EL2rhkE0IuOzLIr2J7Oc0/edit?usp=sharing

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