jeudi 12 juin 2014

Podcast ADN N°8 : L'éloge de l'oisiveté, par Bertrand Russell



(Durée 02 : 05 : 21)

Le travail et sa rémunération sont au cœur des préoccupations de ceux qui diffusent du contenu sur internet. La nature laborieuse du travail, effectué par les rôlistes ou les intellectuels, peut être discutées ; mais, pour autant, faut-il opposer la passion au travail ? Le culte que nous vouons à une certaine forme de labeur, ne cache-t-il pas une aliénation profonde à ceux qui nous ordonnent de travailler ? C'est ce que prétend Bertrand Russell, en faisant l'Éloge de l'oisiveté.


Darky, en compagnie de Jeff, de Pierre et de Flavie, nous présente les thèses développées par le philosophe dans cet ouvrage. Il y a bien longtemps que Russell a cassé sa pipe et pourtant ses pensées sont toujours d'actualités. Discutons très librement de nos points de vue sur ce vaste sujet.


Comment définissons nous le travail et l'oisiveté ? Le bonheur dépend-il du travail ? Le travail doit-il garantir l'épanouissement ? Pouvons-nous, grâce à la technologie, nous passer de travailler ? A-t-on le droit d'être rémunéré pour sa passion ? Vous, rôlistes, vous êtes accusés de perdre votre temps à jouer. Vous, travailleurs, vous êtes accusés de perdre votre vie à la gagner. Quel étrange système de jeu...

Bonne semaine à tous ! Portez-vous bien et surtout jouez bien !

18 commentaires :

  1. Pardonnez toutes ces approximations. Que nos arguments sont courts, mais quel plaisir d'enregistrer ce podcast, de parler de Russell, d'entendre Darky nous en parler et surtout de refaire le monde en votre compagnie. Vive le jeu de rôle et vive les rolistes avec qui ce genre de conversation devient possible.

    Bonne semaine à tous ! drapétomanez bien !

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  2. Pour rebondir sur le changement d'indicateurs économiques (vers 1:00:35)

    Le pays du Bouthan a choisi le Bonheur National Brut (BNB)comme alternative au PIB

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bonheur_national_brut

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  3. Et du coup, écouter la cellule, c'est du divertissement consumériste ou une activité éveillante? :p

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  4. Et je ne devrais pas être payé pour écouter la Cellule puisque cela me rend plus efficace dans mon travail ?

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. 100% d'accord avec Bertrand Russell (Ce qui va suivre n'est qu'un redit de ce que vous avez dit, non une critique).

    Si je n'avais pas BESOIN de faire un travail qui ne me plait pas et qui ne me convient pas pour SURVIVRE mon temps serait bien plus efficacement employé (A tout hasard dans mon cas à la réalisation de jeu, d'animation et d'activité ludiques, militantes et éducatives). Cela vaux pour mon entourage : Les personnes qui s'épanouissent dans leur travail sont très très rares, pour ne pas dire inexistantes.



    De très très nombreuses personnes pensent qu'il FAUT travailler et insultent avec virulence les personnes qui ne le font pas, par choix ou par fatalité. Les phrases tels : "Ah mais c'est pas du VRAI travail" ou "Oui mais les chômeurs c'est des feignants" sont vraiment légion. Et je pense que c'est à ces personnes que le titre s'adresse.



    Je pense que ce que Bertrand Russell appelle du temps libre est simplement de "L'effort consenti" et qu'il oppose au labeur qui est "L'effort imposé". Le premier est épanouissant, le second est aliénant. Il ne dit pas qu'il faut tuer l'effort, il dit qu'il faut laisser les individus choisir les efforts auxquels ils-elles veulent consentir, et non leur imposer.



    Note cependant : A l'heure actuelle la société de consommation, qui produit pourtant très mal ses ressources, produit déjà largement assez pour satisfaire l'ensemble des besoins vitaux immédiats de tout les humains : nourriture, logement, eau et acheminement de ces dernières ressources. Ça n’empêche pourtant pas notre société de laisser des individu mourir de faim, de froid, de soif, etc. Y compris si c'est totalement idiot.

    La "Société de Grâce" est déjà possible techniquement, cependant il n'est PAS dans l'intérêt de certaines franges de la population que cette société devienne une réalité. Ce n'est pas que une question de mauvaise volonté des personnes "endormies".

    Par contre, je pense que l'idée qu'il y ait d'un côté des personnes éveillées et de l'autre des personnes endormies me semble totalement fausse. Outre un petit côté élitiste culturel que j'aime assez peu (Mais arrêtez de basher le joueur de MMORPG, sinon je vous bash le joueur de JDR PMT moi ... Tssss) Il y a des aspects des choses sur lesquels je suis éveillé et d'autres sur lesquels je suis endormi, il y a même des moments ou je suis endormi et d'autres ou je suis éveillé. Croire l'inverse, c'est croire que j'aurai moi une supériorité quelconque et ça non, très peu pour moi.

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  7. Solution sérieuse déjà proposée pour la question de la rémunération : le Revenu Minimum Garanti (et des équivalent encore plus radicaux).

    Solution que JE considère sérieuse présente dans Star Trek : Faire une société sans salaire ni argent (comme dit juste au dessus, on produit mal, et on produit déjà largement assez pour contenter tout le monde).

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  8. Très intéressant comme sujet de podcast! Mais vous n'allez pas assez loin je trouve!
    Vous auriez pu vous engouffrer un peu dans le sujet de l'utopie technologique, cela aurait été très intéressant.

    Par ailleurs j'aime beaucoup ne rien faire. J'aime aussi énormément dormir.

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  9. Intéressant podcast, qui m'a fait bondir et donner envie de réagir plusieurs fois. Plusieurs points donc.
    Concernant l'aliénation dans le travail, j'ai constaté depuis un certain nombre d'année un glissement de ce que vous appelé travail laborieux de tâches physiques à des tâches intellectuelles. La division du travail en tâches unitaires répétitives gagne des domaines autrefois intellectuels, ou à haut niveau d'étude, comme celui des techniciens de laboratoire. Donc non même en France, le phénomène n'est pas en train de disparaître.
    Plutôt que d'en écrire un roman, je vous conseille simplement de consulter les conférences gesticulées de la SCOP le Pavé et en particulier :
    Travaillez moins pour gagner plus, Franck Lepage et Gaël Tanguy. (http://www.scoplepave.org/travailler-moins-pour-gagner-plus)
    une conférence qui rejoint le propos de Romaric à propos du salaire et de la rémunération du travail.
    et
    Exploiter mieux pour gagner plus, Annaïg MESNIL et Alexia MORVAN.
    (http://www.scoplepave.org/exploiter-mieux-pour-gagner-plus)
    à propos des méthodes de management qui contribuent à rendre aliénantes des tâches qui ne l'étaient pas nécessairement.

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  10. Le travail aliénant ne disparait pas, simplement il se fait ailleurs qu'à l'usine. Il y a toujours autant de manutentionnaire en france, seulement aujourd'hui ils emballent des colis toute la journée ou bien ils font du rayonnage dans les hypermarchés. (même si en fonction de la boite où l'on travai cela peut être plus ou moins aliénant).
    Par contre je tiens à signaler que certaines personnes aiment justement faire un travail aliénant, car cela leur permet de réflechir pendant qu'ils bossent. J'ai moi même créer des scénario de Cthulhu pendant que je faisais un boulot de merde, simplement parceque ce boulot n'utilisait que mes mains et pas mon cerveau. Il est impossible de faire de même avec un métier intellectuel.

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  11. N'oubliez pas que c'est grâce à la différence de niveau de vie et à l'exploitation des pays défavorisés en main d'oeuvre et en ressource que l'on peut se permettre ce genre de pensée.

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  12. Ouf j'ai cru que vous alliez vous limiter à une apologie du loisir! Merci Romaric.

    Outre le fait que je plussoie d'aller jeter un oeil du côté de chez Monsieur Lepage mais aussi du côté des penseurs de la décroissance, je crois et je pense que le travail est également vertueux. Nous ne sommes pas des êtres éthérés qui pourraient s'affranchir de leurs besoins vitaux. Travailler est une vertue car nous travaillons pour survivre et survivre c'est être en relation directe avec notre corps et avec le monde. S'il y a de la transcendance dans l'oisiveté, il y a de l'immanence par le travail et ça a au moins autant de valeur, d'autant que l'un n'existerait pas sans l'autre (comme l'a soulevé Romaric en citant Kant).

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  13. je n'ai pas encore écouté le podcast, mais la question de "l'opposition" du travail et de la passion, et de la rémunération dudit travail, est on ne peut plus d'actualité à l'heure ou on cherche à réformer le statut d'intermittent du spectacle, et ou les auteurs (de BD en particulier) voient le coût de leur retraite complémentaire augmenter drastiquement...

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  14. Un podcast effectivement laborieux, j'ai eu du mal à exposer mon plan, à imposer mon rythme.. A charge de revanche !

    @ Antoine : à partir du moment où tu viens commenter, ce n'est plus une activité passive en tout cas :)

    @ Kco Quidam : Effectivement, on ne peut accuser les "personnes endormies" pour le déséquilibre actuel (tant des richesses que du temps libre). Et effectivement, il n'est simplement pas dans l’intérêt des possédants de partager.. Le problème de l'Usine d'épingle ne met en avant qu'une chose, un patron d'usine n'a (a priori) pas intérêt à diminuer ses bénéfices pour donner des vacances à ses employés, logique..

    Je précise que je ne partageais pas du tout le point de Jeff concernant les MMO, étant moi même un gamer depuis toujours. Et il est vrai que le jdr est un poil trop encensé..

    @ Anonyme : "ce boulot n'utilisait que mes mains et pas mon cerveau (...) impossible de faire de même avec un métier intellectuel". J'ai connu plus d'un scénario ayant été conçu "au bureau"..

    @ nurglyng : Au même titre que les plus fines pensées politiques ont été conçues pendant que le labeur était laissé aux esclaves..

    @ Silerias : Nous sommes d'accord, il me semble que nous précisons qu'abolir le labeur ne serait pas enviable, le réduire en revanche..

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  15. Comme Julien je conseil les conférences gesticulées de Franck Lepage parce que c'est drôle.

    Je conseil également André Gorz et ses reflexions sur le travail (et sur l'écologie), pour aller plus loin, peu être.
    https://www.youtube.com/watch?v=zKZO-38HQ04

    Et pour changer le système, pourquoi ne pas lire Fakir?

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  16. Super podcast !

    Ben mince, si mon podcats JDR préféré devient aussi un cours de philo éveillé, il va falloir que je le bi classe "JDR" "PHILO", ça va être le boxon sur mes playlistes :)

    En tout cas merci énormément pour cette cogitation éclairée et jamais barbante.

    Je note "logicomix" que je ne connais pas (encore).

    Il va falloir ouvrir une section "bibliographie & sources" si vous en avez d'autres du même acabit :)

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  17. une petite conf sur la valeur travail bien en phase avec le thème:
    https://mrmondialisation.org/arretez-votre-cinema/

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  18. Je découvre La Cellule avec ce podcast sur l'éloge de l'oisiveté de Russell. J'ai eu connaissance du petit bouquin de ce grand homme par un spectacle du même nom de Dominique Rongvaux que je vous conseille fortement : https://www.youtube.com/watch?v=7KpxsqwNF0o

    La fable de La Fontaine racontée par Darky en fait d'ailleurs aussi partie. Dans la vie, il y a certaines œuvres qui exposent clairement une pensée profonde que vous avez en vous sans l'avoir jamais bien formulée, ça a été le cas pour moi avec l'éloge de l'oisiveté.

    C'est donc en cherchant des choses sur Russell que l'amat(rice/eur) de jeu de rôles que je suis est arriv(é/ée) sur le site de la Cellule. Amusant chemin n'est-ce pas ? L'écoute du podcast m'a en tout cas donné envie de m'intéresser davantage à ce que vous faîtes.

    Pour en revenir à la discussion philosophique, j'aime, comme d'autres je crois, distinguer travail et activité.
    Le terme d'activité me semble difficile à définir tant il est élémentaire, je m'y risque néanmoins. J'appelle ici activité tout acte ou suite d'actes réalisés dans une intention. L'activité n'est pas nécessairement physique, elle peut être intellectuelle.
    Le travail est pour moi une activité dont l'intention est de satisfaire un besoin. Vous noterez que je ne nomme pas les choses de la même manière que Flavie en particulier (ce qui ne signifie pas nécessairement un désaccord de fond pour autant). J'appelle besoin un objectif qui s'il n'est pas remplit, conduit à la mort de celui qui en est le sujet. Les besoins auxquels on pense généralement en premier sont manger et dormir. Dans cette vision des choses, le travail est subjectif, il dépend de l'intention de l'actif. Une même activité peut ainsi être un travail dans un contexte et ne pas l'être dans un autre. Si j'écris un livre pour le vendre, pour manger, c'est un travail. Si j'écris un scénario de JdR pour le maîtriser et le diffuser à la communauté, ça n'est pas un travail. Cette vision est néanmoins binaire et on peut voir les choses de manière plus nuancée. Le travail absolu serait alors l'activité que l'on fait par nécessité et à laquelle on ne trouve aucun autre intérêt, on revient sur le tripalium. Quand Flavie enseigne, j'ai le sentiment qu'elle est très peu dans l'optique de répondre à un besoin. Je pense même que cette activité répond davantage à l'envie d'enseigner qu'au besoin de se nourrir. Ça n'enlève rien à la grandeur de cette activité, tout au contraire mais c'est assez peu du travail. Je trouve qu'en prenant en compte cette dimension de fins et de moyens, on éclaircit la problématique. Je m'arrête là dans mon propos bien qu'il y a encore beaucoup de choses que j'aimerais partager notamment par rapport à l'argent.

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